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Édito : Kamila Valieva, enfance déjà brisée

NDLR : Écrit avant le début de la guerre en Ukraine


Alors que les Jeux Olympiques d’Hiver de Pékin viennent de s’achever, une ombre continue de planer dans le ciel chinois. Non pas celle occasionnée par le débat houleux déclenché par cette édition, entre boycotts diplomatiques et non-sens environnementaux, mais celle du cas Kamila Valieva.

C’est aujourd’hui sur les frêles épaules de cette patineuse de 15 ans que tombe tout le poids d’un lourd passé. Nul besoin de s’intéresser grandement au sport pour savoir que la Russie est depuis des années au cœur des polémiques concernant le dopage. Le pays doit même participer depuis 2014 aux Jeux sous un drapeau neutre et l’appellation “Comité Olympique Russe”.


Contrôlée positive en pleine quinzaine, la très jeune Russe s’est retrouvée au cœur d’un emballement médiatique. Nier, jouer la transparence, voir son rêve olympique s’évaporer... Que faire lorsque l’on a que 15 ans et que l’on est victime de tout ce système russe qui n’a de cesse d’embrigader des jeunes toujours plus jeunes dans une quête de performance toujours plus poussée à l’extrême ?

Et la pression n’a été que trop forte, en témoignent ses chutes et maladresses à répétition lors de son dernier passage sur la glace, elle qui avait fait de la perfection son maître mot. Des images terribles, qui montrent peut-être bien les limites de la participation d’athlètes d’un si jeune âge aux Jeux.

Comment peut-on encore oser mettre sous une si forte lumière des personnes aussi fragiles, autant physiquement que psychologiquement ? Ajoutez à cela l'opinion publique qui l'accable de toutes parts à cause de ce dopage dont on imagine qu’elle n’est en rien l’instigatrice. Même le président du CIO, le normalement très discret Thomas Bach, s’est ému de la situation et a pointé du doigt tout le staff de la jeune athlète. À peine un regard réconfortant, à peine une accolade à la sortie de la glace pour celle qui, en larmes, voyait la médaille d’or lui échapper.

Sa chute a arrangé tout le monde, l’éloignant du podium et mettant sous le tapis toute cette histoire. Enfin tout le monde... Surtout le Comité Olympique International et le Tribunal Arbitral du Sport. Les membres de ces organisations avaient en effet décidé de la laisser concourir, mais sans lui donner de médaille si elle montait sur le podium. Un non-sens puisque quelques jours plus tôt elle obtenait la médaille d’or dans l’épreuve par équipe.


En revanche, les autres nations n’en démordent pas. Les États-Unis et le Japon par exemple, respectivement médaillés d’argent et de bronze sur l’épreuve par équipe, attendent toujours leur cérémonie des médailles. Et elle ne devrait pas avoir lieu avant plusieurs mois, le temps que la procédure suive son cours. Une situation ubuesque qui laisse donc de côté tous ces athlètes “propres”, qui voient ainsi une partie de leur rêve olympique s’envoler, sans cette médaille autour du cou qui symbolise pourtant tout l’effort et le travail effectués ces quatre dernières années.

Les instances ont réussi à mettre en partie l’affaire sous le tapis certes. N’en reste pas moins l’humaine derrière, une Kamila Valieva brisée, qui ne devrait pas réussir à balayer toute sa déception sous ce même tapis.


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