Avoir des chiffres récents et précis sur le nombre de journalistes en France est difficile. De nouvelles études sont en cours, menées par des associations et des chercheur.se.s et visant en particulier à analyser la féminisation du métier de journaliste sportif.
En France, sur les 3000 journalistes de sport, on recense aujourd’hui 10% de femmes. Un chiffre dévoilé il y a quelques années maintenant et qui représente la seule donnée chiffrée dont le milieu dispose pour analyser la place des femmes dans le journalisme sportif. Cela symbolise déjà beaucoup, surtout comparé à la quasi parité dans le milieu du journalisme en général (53% d’hommes et 47% de femmes). Depuis plusieurs mois maintenant, des associations, comme celle des Femmes Journalistes de Sport, aidées par des chercheur.ses, travaillent pour une meilleure connaissance du métier, des conditions de travail et de ses évolutions.
Une double-enquête est même menée en France, emmenée par Sandy Montanola, maîtresse de conférences à l’université Rennes 1, responsable de la formation en Journalisme de l'IUT de Lannion et spécialiste des inégalités hommes/femmes dans les médias. La chercheuse récupère des données venant de tous les médias français couvrant le sport. Un travail très chronophage, les chiffres n’étant pas toujours accessibles facilement : « Passer par la voie officielle est très long. Les directions des ressources humaines ne sont pas toujours très enclines à donner des chiffres » explique la chercheuse. Une question reste aussi centrale : qui considère t-on comme journalistes ? Les journalistes ayant des statuts particuliers, comme les pigistes ou les non titulaires de carte de presse, sont souvent laissés de côté dans les chiffres officiels, comme ceux du Syndicat National des Journalistes, alors qu’ils représentent une part importante des professionnels.
Une enquête au-delà des frontières
Mais outre ce travail de cas par cas, un grand questionnaire intitulé « Portrait des journalistes de sport » a été mis en ligne il y a quelques mois pour recenser les témoignages et parcours de tous les journalistes de sport de quatre pays francophones : la France, la Belgique flamande, le Canada ainsi que la Suisse romande. L’enquête, financée par le groupement d’intérêt scientifique Marsouin, recense 80 questions, allant du poste occupé au salaire en passant par les études réalisées ou les discriminations rencontrées dans le cadre du travail. Selon Sandy Montanola, l’objectif de cette recherche est de « positionner la France par rapport aux autres pays et donc de voir les différences de salaires entre ces pays, mais aussi entre hommes et femmes et entre les différents supports ». Le salaire est d’ailleurs une variable très sensible et pose des difficultés dans la réalisation de l’enquête, surtout du côté de la France, bien que les réponses soient anonymisées. La chercheuse chargée de l’enquête côté belge possède aujourd’hui le détail précis du nombre de journalistes de sport et surtout de combien chacun gagne. Mais d’une manière générale, les premiers chiffres montrent une vraie différence entre les différents supports, les journalistes travaillant en télévision ayant un salaire beaucoup plus élevé que leurs collègues de presse écrite.
Un secteur qui peine à se féminiser
Alors que les résultats complets de l’enquête sont attendus à la rentrée 2022, les premiers relevés de cette nouvelle étude indiqueraient un pourcentage de femmes journalistes de sport de 14%, donc très légèrement supérieur aux derniers rapports. « Cela reste une augmentation très relative comparativement à la féminisation globale du journalisme. Le sport passe complètement à côté. Cette féminisation devrait se faire dans tous les secteurs et ce n’est pas le cas » indique Sandy Montanola. Le domaine du sport, comparativement à son exposition médiatique, est le plus masculinisé et peine surtout à évoluer, contrairement au journalisme politique par exemple, qui a su se féminiser depuis plusieurs années.
La réalisation de cette enquête, des premières recherches de financements à la divulgation des résultats, aura au final pris plus d’un an. Reste à savoir si ce type d’études sera renouvelé d’année en année afin d’offrir une vision sur le long terme de l’évolution et la féminisation du journalisme sportif. La réitération de ce genre d’études dépend surtout des financements apportés par les différents organismes mais aussi de la volonté des journalistes à jouer le jeu et à répondre à ce type de questionnaires chaque année.
Comentários